Description rapide
En 2000, le nombre de diabétiques était estimé à 151 millions. En 2009, on est passé à 285 millions. Aujourd’hui, 463 millions de personnes vivent avec le diabète. Si l’évolution se poursuit au même rythme, la FID (Fédération Internationale du diabète) estime que 578 millions d’adultes seront atteints de diabète en 2030 et pas moins de 700 millions en 2050.
Il existe 3 diabètes principaux : le diabète de type 1, le diabète de type 2 et le diabète gestationnel. Nous allons surtout nous attarder sur le diabète de type 2 qui est celui qui est largement le plus répandu.
Le diabète est caractérisé par une glycémie, à jeun, supérieure à 1,26g/l. On parle alors d’hyperglycémie. Idéalement, ce taux devrait être inférieur à 1g/l.
Le pancréas produit la seule hormone hypoglycémiante du corps : l’insuline. C’est d’ailleurs cette hormone qui est la clé pour retrouver une glycémie « normale ».
Dans le cas du diabète, cette hyperglycémie est provoquée soit par une insuffisance de production d’insuline, soit par une résistance accrue à cette hormone (il faut alors produire beaucoup plus d’insuline pour abaisser la glycémie) ou bien les deux.
A noter que la glycémie n’est pas le seul paramètre à prendre en compte.
L’hémoglobine glyquée (HBA1C) doit être tout autant surveillée. Il s’agit de la mesure de la glycémie sur les 3 derniers mois. Grâce à elle, nous pouvons connaître la tendance de la glycémie si, elle tant à augmenter, rester stable ou diminuer.
L’insulinémie, quant à elle, est précieuse à mesurer également. On peut ainsi reconnaître une résistance à l’insuline lorsque la glycémie paraît « normale ». On parle alors d’hyperinsulinémie qui peut être considérée comme un signe de prédiabète.
Conséquences sur la santé
Le diabète est une maladie insidieuse car les symptômes sont absents jusqu’à ce que les premières complications arrivent. Néanmoins, le fait de boire plus qu’à l’accoutumée et d’uriner plus fréquemment sont deux signes qui doivent déjà alerter. L’hypoglycémie régulière qui est caractérisée par une fringale +/- 2h après la prise du repas principal, la somnolence, l’irritabilité ou encore le manque d’énergie sont d’autres signes qui doivent nous mettre en garde face à la survenue d’un éventuel diabète.
Il est donc assez complexe de détecter un diabète uniquement par les symptômes. Pourtant, il est crucial d’agir précocement pour éviter ou limiter les complications ! En effet, une hyperglycémie prolongée dans le temps est toxique pour l’organisme et notamment pour l’ensemble des vaisseaux sanguins. Si nous ne parvenons pas à retrouver une glycémie plus ou moins proche de la normale, des conséquences néfastes peuvent se produire à court et surtout long terme.
Les plus courantes sont :
- L’insuffisance rénale
- L’infarctus du myocarde
- La cécité
- L’amputation
- L’immunodépression (diminution de l’efficacité du système immunitaire pour lutter contre les infections et tumeurs)
Pour toutes ces pathologies, le diabète en est l’une des premières causes.
Les causes
Le diabète est rarement dû à une seule et unique cause. De nombreux facteurs rentrent en ligne de compte dont voici les principaux :
- L’hérédité
- L’âge (plus on est « vieux », plus le risque augmente)
- Le surpoids et l’obésité
- L’alimentation déséquilibrée
- La sédentarité
- Le tabagisme
- Les corticoïdes.
Lorsque vous présentez un ou plusieurs de ces facteurs, vous augmentez le risque de déclencher un diabète (proportionnellement au nombre de facteurs de risques).
Il est important de souligner aussi que plus il y aura de diabétiques et plus le risque d’en connaître davantage augmente. Malheureusement, lorsqu’une mère et/ou un père diabétique de type 2 donnent naissance à un enfant, les risques d’être diabétique pour celui-ci augmentent, de 40% si un des deux parents est atteint et de 70% si ce sont les deux, indépendamment de son mode de vie.
Le diabète est souvent la première cause d’amputation
Le coût du diabète sur les soins de santé
En Belgique, en 2018, on comptait 600 000 personnes diabétiques, soit 6,3% de la population. Mais il y a également une personne diabétique sur trois qui n’a pas conscience d’être malade. Ce qui revient donc à 10% de la population belge qui est atteinte (en le sachant ou non) du diabète !
Le diabète est toujours en Belgique responsable d’au moins 4250 décès par an.
Le coût financier est également énorme puisqu’on l’estime entre 5000 et 6000€ par personne diabétique et par an. La somme totale s’élèverait ainsi à au moins 3 milliards 600 millions chaque année, et ce rien qu’en Belgique.
De plus, le diabète entraînant énormément de complications, le coût en termes de personnel soignant est là aussi très grand. Un nombre important de diabétiques va devoir, entre autres, être informé et formé pour le suivi du diabète et les injections éventuelles d’insuline, mais aussi possiblement dialysé, avoir besoin d’un traitement pour la vue et d’un suivi chez un ophtalmologue, devoir être opéré pour infections au niveau du pied, être suivi par un podologue ou encore subir une opération chirurgicale suite à des complications cardiaques. Bien que tout cela n’arrivera pas à chaque diabétique, les chiffres montrent néanmoins que cela n’est pas rare.
Toutes ces complications demandent des moyens humains et financiers importants qui pourraient être investis ailleurs (dans plus de prévention, par exemple). En diminuant le nombre de diabétiques et au vu de toutes les complications que cela pourrait éviter, on soulagerait déjà grandement la pression sur les soins de santé et le personnel soignant.
La prise en charge actuel du diabète est inefficace
Tous les traitements actuels sont faits pour éviter les complications ou les retarder le plus longtemps possible.
Les principaux traitements pour « réguler » le diabète sont les antidiabétiques oraux (ADO) dont le plus populaire est la metformine. Dans certains cas, on devra également avoir recours à des injections d’insuline lorsque le pancréas n’est plus capable d’en sécréter suffisamment. C’est le cas pour les diabétiques de type 1 ou pour les diabétiques de type 2 dont les antidiabétiques oraux ne suffisent plus pour réguler la glycémie.
Ces deux types de traitement ont bien évidemment des effets secondaires. Pour les ADO, c’est souvent au niveau intestinal que cela se passe. Il n’est d’ailleurs pas rare que l’individu ne prenne plus son antidiabétique oral car l’inconfort digestif est trop insupportable. On note aussi un effet hypoglycémiant, parfois sévère de certains autres ADO. Concernant l’insuline, il s’agit d’une grosse contrainte au quotidien. Les injections doivent souvent se faire entre 2 et 4 fois par jour, même si la mise en place d’une pompe peut rendre la situation un peu moins contraignante.
De plus, d’après un sondage de la mutualité chrétienne, on constate que la prescription d’un traitement contre le diabète se montre majoritairement inefficace, puisque :
- 1/3 des patients diabétiques se procurerait et consommerait ses médicaments selon la prescription ;
- 1/3 les achèterait mais ne suivrait pas le traitement ;
- 1/3 ne se les procurerait même pas.
Une des raisons principales est certainement le fait que le diabète, dans les premières années, ne donne aucun symptôme ou presque. Les gens ne se sentent pas « malades » et ne voient donc pas l’intérêt de suivre un traitement.
Pourtant, si ces individus ne changent pas non plus leur alimentation et leur mode de vie, les complications pour ces personnes et les coûts que cela engendre pour la société vont inévitablement arriver tôt ou tard.
Le traitement est sans doute utile mais il arrive, pour beaucoup, souvent tardivement et n’est pas suffisamment efficace pour éviter les complications (dû à la faible compliance du patient et/ou du manque d’informations qu’il a reçu sur l’évolution du diabète). De plus, tous ces traitements ont également un coût pour la sécurité sociale.
L’objectif est donc de miser davantage sur la prévention pour réduire le nombre de diabétiques et ainsi être certain d’éviter les complications du diabète.
Prévention inexistante ou presque
En Belgique, le plan fédéral nutrition santé (PFNS) est chargé de mettre en œuvre la promotion pour un mode de vie sain et une alimentation de qualité et équilibrée. Pourtant, d’année en année, le diabète progresse rapidement et jamais nous n’arrivons à stabiliser le nombre de diabétiques. Le constat est donc sans appel : la prévention est totalement insuffisante et le manque d’actions concrètes pour enrayer cette pandémie est flagrante.
Outre le manque d’action et de prévention de la part du PFNS, on constate d’autres facteurs contribuant à l’augmentation constante du nombre de diabétiques :
- La publicité diffusée, sur tous les médias, pour des produits très sucrés ciblant souvent les enfants est courante et contribue en partie à cette pandémie.
- Dans les supermarchés, juste avant d’arriver en caisse, nous retrouvons une panoplie de barres chocolatées ou autres biscuits sucrés. Ils sont mis à cet emplacement car cela augmente facilement les ventes. En effet, la tentation est grande de « craquer » pour une de ces sucreries alors que ce n’était pas du tout prévu.
- La publicité faite par les supermarchés contribue aussi à l’évolution de la pandémie. Une analyse, publiée en 2021 par sciensano, a montré que les aliments ultra-transformés (AUT) bénéficient de plus de promotions que les aliments jugés sains. 15 000 promotions provenant de 5 grands supermarchés ont été analysées. 52,2% de ces promos sont des AUT dont 9% concernent les boissons gazeuses et sucrées ; 8,1% les pâtisseries, gâteaux et biscuits sucrés ; 7,7% les confiseries, barres énergétiques ou garnitures sucrées. On constate donc que la place pour les produits jouant un rôle dans la pandémie de diabète de type 2 est prépondérante.
- Le prix des aliments « sains » est souvent jugé plus cher par rapport aux aliments ultra-transformés et sucrés. Une étude réalisée en Belgique a d’ailleurs démontré que pour le même nombre de calories (100Kcal), il fallait débourser 0,55€ pour des produits ultra-transformé (plats préparés, snacks, viennoiseries, barres chocolatés…) tandis que 1,29€ étaient nécessaires pour atteindre ces 100kcal via des aliments bruts et sains (fruits, légumes, viandes, œufs…). Le prix étant un des premiers critères de sélection pour l’achat d’aliments, il est aisé de comprendre que les familles avec un budget serré se tournent moins facilement vers la nourriture saine.
Les aliments ultra-transformés et sucrés bénéficient d’une grande visibilité dans les médias et les supermarchés
Les solutions à court et long terme
Pour réduire drastiquement la progression de l’épidémie et diminuer ainsi les nombreux effets indésirables que le diabète engendre sur l’ensemble de la société, des mesures concrètes et massives doivent être prises au plus vite.
Voici quelques pistes pour enfin agir préventivement et durablement :
– Interdire les barres chocolatées ou autres friandises aux caisses des supermarchés et les remplacer, éventuellement, par une autre alternative plus intéressante pour la santé ;
– Interdire ou limiter au maximum les publicités des produits ultra-transformés, très sucrés ou pour des boissons sucrées (valable aussi pour celles avec édulcorants) ;
– Appliquer des logos clairs et objectifs sur les produits sucrés et les boissons sucrées pour que les gens sachent directement que tel ou tel produit est néfaste pour la santé (par exemple, se baser sur la classification NOVA ou SIGA plutôt que le nutri-score) ;
– Réserver au moins 2h par semaine à des cours sur l’alimentation et la cuisine de l’école maternelle à l’école secondaire ;
– Mettre en place un potager dans chaque école, en fonction des possibilités de chacun ;
– Imposer minimum 4h de sport par semaine de l’école primaire à l’école secondaire et remettre beaucoup plus en valeur l’activité physique ;
– Offrir un chèque « sport » à chaque enfant et adolescent pour qu’il puisse s’inscrire dans un club de sport sans que l’argent ne soit un frein ;
– Commencer par 10-15min d’activité physique légère (yoga, exercices d’échauffement et étirements, etc) chaque matin avant de débuter les cours en école supérieur ou à l’université ;
– Limiter le nombre de fast food dans les villes ou de snacks type « friterie » « Kebab » ou « pita » ;
– Faciliter la distribution de fruits et légumes dans les écoles et supprimer les distributeurs de snacks sucrés ;
– Proposer des cours de cuisine gratuitement, chaque semaine, dans toutes les communes avec pour but d’apprendre à cuisiner des aliments bruts plus facilement ;
Plusieurs pays ont déjà mis une ou plusieurs mesures citées ci-dessus en application et les résultats sont au rendez-vous !
Le Chili, dont le taux d’obésité et de diabète est assez élevé a, depuis 2016, interdit la publicité (entre 6 et 10h) visant les enfants ainsi que la vente des produits sucrés dans les écoles. Résultat, on a observé une baisse de près d’1/4 (23,7%) de la consommation de boissons sucrées.
A Philadelphie, une taxe de 0,47€ par litre a été instaurée sur les boissons sucrées. Le résultat est spectaculaire. Suite à cette nouvelle taxe, entre 2016 et 2017, on a constaté une chute de 38% des ventes de boissons sucrées et édulcorées.
Malgré l’efficacité de cette taxe, cela ne suffira pas à faire diminuer suffisamment la consommation de boissons sucrées ou de produits sucrés. C’est un ensemble de mesures comme celles citées précédemment qui feront la différence !
Il serait aussi intéressant de revoir et d’adapter les recommandations alimentaires pour la population. En Belgique, on recommande encore 50 à 55% de l’apport énergétique journalier sous forme de glucides. Quand on sait que les glucides jouent un rôle plus ou moins important dans la pandémie d’obésité et de diabète, il serait judicieux de diminuer ces recommandations pour les glucides.
En conclusion
Le diabète est une maladie insidieuse, hyper répandue et en progression constante dans le monde. Les complications à court, moyen et surtout long terme peuvent avoir de graves conséquences sur la santé et la qualité de vie de l’individu. Le coût financier du diabète de type 2 pour la sécurité sociale est très élevé. La prise en charge du diabète (d’autant plus lorsqu’il est ignoré ou négligé) est elle aussi énorme et demande la mobilisation d’un grand nombre de personnels soignants pour informer, éduquer, soigner et parfois même opérer ou dialyser les personnes atteintes.
Il est donc indispensable d’agir préventivement avant que le diabète ne soit diagnostiqué. En agissant massivement dès le plus jeune âge, nous pouvons drastiquement diminuer le coût financier et humain que le diabète engendre. Les soins de santé seraient ainsi soulagés et le risque de complications nettement diminué.
Pour ce faire, les actions préventives doivent être réalisées à tous les étages, que ce soit au niveau de la politique de santé publique, de la publicité, de l’industrie agroalimentaire, des écoles, des différents lieux de travail, des médecins, des diététiciens et, bien entendu, de la responsabilité de l’individu vis-à-vis de sa propre santé.
Prescrire un traitement à un diabétique ne garantit pas qu’il évitera les nombreuses complications. Par contre, agir préventivement pour éviter le diabète empêche, indéniablement, l’apparition des nombreuses complications qui en découlent.
La prévention plutôt que le traitement !